Tunisie
Kaïs Saïed plaide pour la sécurité alimentaire et le soutien aux petits agriculteurs
Le président tunisien Kaïs Saïed a appelé lundi à lever les obstacles qui freinent l’activité des petits agriculteurs, notamment dans le secteur oléicole, lors d’une réunion consacrée à la sécurité alimentaire au palais de Carthage. Il a insisté sur la nécessité de faciliter la trituration des olives, le stockage, la commercialisation et l’accès au financement, dans un contexte marqué par une récolte exceptionnelle.
Cette intervention s’inscrit dans une stratégie récurrente du pouvoir visant à faire de la souveraineté alimentaire un pilier de la sécurité nationale. Kaïs Saïed a exhorté à une coordination entre secteurs public et privé, à l’ouverture de nouveaux marchés et à la fixation d’un prix de référence garantissant aux agriculteurs « l’intégralité de leurs droits ». Il a également souligné le risque que certains producteurs renoncent à la récolte, rappelant le rôle stratégique de l’huile d’olive pour l’économie nationale.
Si le diagnostic des difficultés des petits agriculteurs est largement partagé, les annonces présidentielles restent vagues. Aucun calendrier précis ni mécanisme opérationnel n’a été précisé pour les lignes de financement ou la régulation des prix, alors que le pays fait face à des contraintes budgétaires importantes et à des négociations financières en cours avec ses partenaires internationaux.
La réunion a mis en lumière les limites des offices publics agricoles, avec en particulier l’Office national de l’huile dont la capacité de stockage est passée de 350 000 tonnes dans les années 1960 à environ 90 000 tonnes aujourd’hui. Kaïs Saïed a qualifié cette situation d’inacceptable, révélant les faiblesses structurelles de l’appareil public liées à des décennies de sous-investissement et d’absence de stratégie industrielle claire.
Le chef de l’État a également donné des instructions pour garantir la disponibilité des semences locales et des engrais dans toutes les régions. Toutefois, la mise en œuvre de ces mesures se heurte à des contraintes logistiques, financières et climatiques, notamment la raréfaction de l’eau et la hausse des coûts de production.
En affirmant que la Tunisie peut assurer sa sécurité alimentaire, Kaïs Saïed mise sur un volontarisme étatique et une mobilisation nationale. Cependant, sans réformes structurelles concrètes, articulation avec les politiques commerciales et environnementales, et cadre stable de coopération avec le secteur privé, cette ambition risque de rester surtout symbolique face aux fragilités profondes du secteur agricole tunisien.
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