Le secteur bancaire marocain continue de se transformer, marqué par une consolidation accrue et un recentrage des acteurs étrangers. Dans ce contexte, Holmarcom mène des discussions exclusives avec BNP Paribas pour le rachat de la participation majoritaire de la banque française dans la Banque marocaine pour le commerce et l’industrie (BMCI). Bien que l’opération soit encore à un stade préliminaire, elle pourrait donner naissance à un acteur bancaire majeur, sous réserve des approbations réglementaires et concurrentielles.

Cette initiative s’inscrit dans une tendance plus large : les groupes marocains renforcent leur présence tandis que les établissements étrangers se recentrent. Après la reprise de la filiale marocaine de Société Générale par Saham, la BMCI illustre cette dynamique structurelle. Holmarcom, dirigé par Mohamed Hassan Bensalah, s’est imposé comme un conglomérat influent, actif dans la finance, l’assurance, l’agro-industrie, la logistique et l’immobilier.

Si l’acquisition se concrétise, Holmarcom contrôlerait à la fois BMCI et Crédit du Maroc, dont il détient déjà plus de 65 % du capital. Une fusion des deux établissements, bien qu’optionnelle, positionnerait le groupe au quatrième rang du marché en termes de produit net bancaire, avec un volume estimé à 7,1 milliards de dirhams, devant Saham Bank. Actuellement, les deux banques occupent les sixième et septième positions du marché, et leur combinaison renforcerait significativement la présence du groupe dans le paysage bancaire marocain.

Bank Al-Maghrib superviserait l’opération, en évaluant la solidité financière, la gouvernance et la capacité de Holmarcom à respecter les exigences prudentielles. En cas de fusion, le nouvel ensemble pourrait être classé comme banque d’importance systémique, entraînant des obligations accrues en matière de fonds propres. Si les deux banques restent indépendantes, le Conseil de la concurrence examinerait les risques de concentration, tout en tenant compte de leur complémentarité : Crédit du Maroc est centrée sur la banque de détail et le financement agricole, tandis que BMCI se spécialise dans la bancassurance et la banque d’affaires. Cette complémentarité offrirait des synergies avec d’autres filiales du groupe, comme AtlantaSanad Assurance.

Le montant de la transaction reste un facteur déterminant. Selon les ratios de valorisation du secteur, la participation de BNP Paribas pourrait être estimée à environ 5 milliards de dirhams, soit 464 millions d’euros, plaçant l’opération parmi les plus importantes du marché bancaire marocain récent.